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IL ETAIT UNE FOIS

11 septembre 2005

UNE NUIT DANS UN GRAND MAGASIN

Il y a quelques temps, j'ai écrit une histoire qui peut ressembler à un rêve. Le rêve d'un enfant qui serait enfermé toute une nuit dans un grand magasin. Il aurait à porté de la main tout ce dont il rêve. Cette histoire est arrivée à une jeune fille, mais que lui est-il arrivé ?

Voici, la première partie de l'histoire :

Lison est une jeune fille qui se sent bien dans sa vie, dans ses baskets et bien dans son époque. On pourrait dire d’elle que c’est une fashion victime. La mode, faut pas lui en parler, cela ne suffit pas, il faut agir. C’est ce qu’elle fait tous les week-ends. La semaine elle travaille. Il faut bien alimenter ce petit rectangle de plastique qui ne la quittait jamais.

Dès le petit déjeuner englouti, elle s’habilla légèrement, car son premier objectif est de ne pas s’encombrer de vêtements inutiles qui seront vite enlevés dans les cabines d’essayage, donc il faut allier l’utile à la pratique.

Ce matin, elle enfila un pantalon léger en coton complété par un petit débardeur.

Le temps s’était mis au beau et commençait à promettre de belles journées ensoleillées. La température remontait, l’air était léger.

Il était donc temps pour Lison de s’enfermer dans ce beau magasin pour aller farfouiller en plongeant ses petites mains dans tous ces beaux vêtements, tissus chatoyants, couleurs étourdissantes qu’offrait la mode de cette année.

Elle regardait ses placards, ses penderies et en avait les larmes aux yeux quand elle voyait le désastre qui s’offrait à elle. Elle n’avait plus rien à se mettre. Bof, à part ce petit haut en satin couleur pêche qu’elle s’était offert la semaine dernière, certainement un jour de déprime. Mais tout le reste datait de … ho là là, aux moins deux, trois mois, voire plus.

Non décidément, elle ne pouvait pas sortir avec cette robe qui n’était plus de son époque. Elle l’avait trouvée pourtant jolie avec ses petites fleurs blanches sur fond jaune pâle, mais il y a de cela … trois mois. Oui, elle s’en souvient, elle devait aller à une soirée chez des amis et ne se trouvait rien – une fois de plus – à se mettre.

Cette petite robe fut donc achetée en urgence. Maintenant, elle ne la trouvait plus à son goût.

Elle dévala les trois étages de son petit immeuble et ébouriffa le gros chat qui somnolait sur le paillasson de Madame MORIN, la concierge. Il ne bougea pas d’un poil, perdu dans ses rêves se voyant un jeune chat chassant les souris du quartier. Maintenant il était vieux et ce n’était plus qu’en rêve qu’il partait tel un conquérant visiter son royaume de chat et filer la pâté à ses concurrents.

Le grand magasin n’était pas très loin de son domicile, d’ailleurs elle aimait bien marcher dans les rues de Paris.

Lison était heureuse de vivre. Elle connaissait beaucoup de monde dans son quartier, n’était pas farouche et se liait d’amitié avec qui voulait bien partager un moment avec elle, lui racontant ses petits ennuis ou ses petits bonheurs que la vie voulait bien lui accorder.

A cette heure matinale, il n’y avait pas encore trop de bruit. Les commerçants commençaient à ouvrir leur boutique. Ahmed arrangeait ses fruits et légumes. C’était chez lui qu’elle allait s’approvisionner, pour elle c’étaient les meilleurs fruits et légumes de tout Paris. Il savait les choisir quand il parait à Rungis de bon matin. Pour la fraîcheur de ses marchandises, il était imbattable.

Elle lui envoya un baiser tout en riant et lui la salua de la main. Ce jour était béni, elle allait enfin assouvir sa passion : se livrer à une fièvre acheteuse insensée. Elle avait été sérieuse pendant presque un mois. De plus, elle avait perçu une prime que sa patronne lui avait allouée afin de la récompenser du sérieux avec lequel elle accomplissait sa tâche.

Lison occupait un travail de secrétaire dans une petite entreprise d’expertise comptable. Elle n’aimait pas trop ce travail mais s’y appliquait. Plus tard, elle ferait autre chose, quelque chose de plus ludique. Parfois elle s’ennuyait dans son travail, mais ses patrons étaient tellement gentils. Ils s’occupaient d’elle un peu comme si elle était leur fille ; ils n’avaient pas d’enfants et avaient reporté ce manque d’affection sur elle. Elle en était consciente mais cela l’ennuyait un peu, se trouvant ainsi privée d’une certaine liberté.

Elle déboucha sur la grande avenue qui menait au magasin tant chéri. Elle le voyait au loin, tel un temple dressé attendant ses fidèles pour un sacrifice. C’est sûr un dieu régnait dans cet endroit, il savait convaincre tous ceux qui y entrait, cela devait être subliminal car, à part une musique synthétique qui se déversait dans les hauts parleurs ou des directives adressées à une certaine catégorie de personnel, aucune voix ne se faisait entendre commandant d’acheter ceci au lieu de cela. Mais le sacrifice était bien consommé. C’est d’ailleurs pour cela que l’on appelait les fidèles de ce temple des « consommateurs ».

Lison poussa une des hautes portes en verre et là, son cœur se mit à battre à une allure plus accélérée. Toute la magie de cet endroit l’enveloppa ; elle se cru un instant au paradis.

Le bruit, les odeurs, les couleurs, tout cela l’atteignit en plein cœur, l’étourdissant mais lui injectant cependant une force qui sommeillait en elle et ne se réveillait que dans cet endroit.

Tel un petit soldat, elle regarda dans son sac afin de s’assurer que les armes de la parfaite acheteuse étaient présentes, sa petite carte en plastique frappée au sigle du magasin qui lui octroyait des rabais quand les sommes dépensées atteignaient un chiffre, somme toute, assez élevé. Son petit porte-monnaie couleur fuschia où des pièces sonnantes et trébuchantes ainsi que quelques billets dormaient pour l’instant, attendant d’être sorties pour acquérir l’objet désiré et sa fameuse carte couleur ciel.

(à suivre)

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